Jacques de Voragine a compilé trois grands recueils de sermons et un recueil de matériaux de prédication, destinés à aider les prédicateurs à préparer leurs sermons. Si l’on suit son témoignage dans la Chronique de Gênes, l’ordre de composition serait le suivant :
1) après la première rédaction de la Legenda aurea (1267), le recueil sur les saints (Sermones de omnibus sanctis et festis).
2) à la suite, le recueil de sermons du Temps, associant les dimanches et les grandes fêtes du Christ (titres divers dans les recueils : Sermones de omnibus evangeliis dominicalibus, Sermones de tempore per annum, Sermones dominicales, Sermones festivales)
3) le recueil de sermons pour le Carême (Quadragesimale), avant 1286
4) le recueil de matériaux pour prêcher sur la Vierge Marie (Liber marialis, Sermones aurei de Maria Virgine), pendant son archiépiscopat, entre 1292 et 1298.
Le De sanctis contient les 305 pièces répertoriées dans Schneyer, RLS 3, p. 246-266, auxquelles il faut en ajouter 10 à l’examen de la tradition manuscrite.
Jacques de Voragine déclare l’avoir rédigé sous deux formes, l’une longue, l’autre plus brève et condensée.
Plus de 300 manuscrits.
Editio princeps : Cologne, 1478.
Le De tempore contient 160 pièces (Schneyer, RLS 3, p. 221-233).
Plus de 350 manuscrits.
Editio princeps : Cologne, 1467-1469
Le Quadragesimale contient 98 pièces (Schneyer, RLS 3, p. 238-244, y ajoute d’après les éditions, à la fin de la série, deux pièces qui ne figurent pas dans les manuscrits : Sermo de Passione Domini, et Sermo in Planctu Beatae Virginis Mariae).
Plus de 300 manuscrits.
Editio princeps : Brescia, 1483
Le Liber marialis contient 160 pièces (Schneyer, RLS 3, p.273-283) classées d’après l’ordre alphabétique de mots vedettes thématiques, de Abstinentia à Vulnerata
70 manuscrits environ
Editio princeps : Hambourg, 1491
Traduit en flamand au XVe siècle
Ces quatre recueils, bénéficiant du support exceptionnel de diffusion que constituait le réseau des couvents, ont été très tôt connus et utilisés, non seulement par les frères dominicains, mais aussi par beaucoup d’autres prédicateurs, comme des modèles de l’art de communiquer qu’ils se devaient de maîtriser, et comme des mines d’idées, de citations d’autorités, d’images, de comparaisons, de récits, sur tous les sujets qu’ils pouvaient aborder dans leurs sermons. On connaît plus de mille manuscrits des sermons de Jacques de Voragine encore conservés aujourd’hui dans tous les pays d’Europe, et le succès de cette œuvre monumentale a été ensuite confirmé par des dizaines d’éditions, dès les débuts de l’imprimerie, et jusqu’au XIXe siècle.
Les travaux suivants offrent quelques exemples de la réutilisation par les prédicateurs de la matière puisée dans les sermons de Jacques de Voragine :
L’article de Stanislava Kuzmova, Reception of Voragine’s sermons in Central Europe – a few examples (en anglais) étudie en particulier l’exemple d’un sermon pour la fête de saint Stanislas composé par un auteur anonyme qui a utilisé des éléments tirés de deux sermons différents de Jacques de Voragine, l’un pris dans sa collection De tempore , l’autre dans sa collection de Carême.
L’article du Dr. Ottó Gecser, The Pécs Sermones Dominicales and the Sermones de tempore of James of Varazze (en anglais), illustre la façon dont la matière des Sermones de tempore de Jacques de Voragine a été réutilisée dans une collection de sermons hongroise du XVe siècle.
L’article d’Olivier Marin (Université Paris XIII), Manuscrits de l’oeuvre de Jacques de Voragine à la bibliothèque universitaire d’Olomouc (République Tchèque) rappelle le succès des sermons du dominicain en Europe centrale, à travers l’analyse du catalogue de la bibliothèque.